La deuxième explication, qui recoupe le principe de fonctionnement d'un capitalisme financiarisé, pourrait résider dans le couplage entre deux objectifs que s'assignent les entreprises financiarisées : maintenir, voire, si possible, accroître les profits afin de créer de la valeur actionnariale et, dans un même temps, améliorer la compétitivité. Or, il y a deux façons d'améliorer la compétitivité : l'une consiste à proposer des prix compétitifs et, pour ce faire, tenter de réduire tous les coûts (coût des achats, coût du travail), l'autre est orientée vers un effort de qualité, d'innovation et de différenciation des produits. Sans nul doute, les entreprises choisissent aujourd'hui massivement la première voie (baisse des coûts et concurrence par les prix) car elle leur permet de concilier rentabilité et compétitivité. La seconde voie n'oppose certes pas rentabilité et compétitivité mais impose un horizon de convergence plus long, les actionnaires devant alors accepter qu'une part significative des profits soit réinvestie dans des budgets de R&D et, plus largement, dans des activités innovantes (et par conséquent risquées). Mais cette voie suppose une profonde remise en cause du capitalisme actuel et l'engagement d'un processus de ré-institutionnalisation de l'entreprise comme lieu de compromis entre "parties prenantes" et non plus comme simple support de création de valeur actionnariale.