Maarten Baas se présente lui-même comme un designer intuitif. Lorsqu’on l’interroge sur ses motivations, il répond simplement qu’il fait ce qui lui vient spontanément et n’a rien d’autre à ajouter. Ses préoccupations, autant qu’on puisse en juger au vue de réponses parfois laconiques ou évasives tournent autour de la question de la beauté et de la pièce unique nous renvoyant à priori à...la dimension auratique de l’oeuvre d’art.
Le fait de les brûler a pu paraître comme quelque chose de négatif mais je parlerais plutôt d’une libération. Inutile de se cramponner à ce que nous possédons, mieux valait en finir avec ça. Voilà tout ce à quoi je pensais en produisant cette série
Pour montrer à quel point il trouve notre mobilier perméable aux représentations, Maarten Baas ne se contente pas de laisser l'objet à l'appropriation de l'usager, simulation de créativité. En auteur, il vient appliquer aux meubles les effets d'une perception soumise à l'expérience. Les volumes des Clay et Sculpt Furniture semblent vaciller, la table est précaire et l'armoire ondoyante. La structure des Clay est modelée avec une résine aux couleurs synthétiques : l'ensemble est souverain mais les pièces ont l'air d'insectes aux pieds graciles. Audace et fragilité enfantine. Même instabilité pour les Sculpt, qu'on dirait perçus à travers un plan d'eau ou sortis d'un dessin animé. Ils se comportent comme des reflets malgré la massivité de leurs proportions et la sensibilité de leurs surfaces mates et poudrées.