Il va falloir que je commence déjà par cesser de dire moi-même que Youtube est une plate-forme « de partage » de vidéos en ligne, alors que c’est pour l’essentiel un site « de consommation » de vidéos, par cesser de dire que sur les réseaux Peer-to-Peer on « partage » ou on « échange » des films et de la musique, alors que l’écrasante majorité d’entre nous se contentent d’aller « se servir », pour ensuite « consommer ».
Il va falloir aussi cesser de dire qu’internet est le nouveau lieu du débat public, alors qu’il n’en est qu’une composante nouvelle, qui ne se substitue pas à la discussion du dimanche en famille, au café du commerce, à la vie associative ou aux réunions de quartier. etc. etc.
Bref, il ne s’agit pas d’« annoncer la fin du Web 2.0 », mais de se désintoxiquer de son idéologie et du regard biaisé qu’elle conduit à porter sur le Web. Pour enfin voir ce nouveau Web de masse tel qu’il est : 1,7 milliards d’internautes aujourd’hui, dont l’écrasante majorité n’envisage pas d’utiliser cet outil autrement que comme un consommateur, une toute petite minorité choisissant plutôt de l’utiliser… comme un hacker…