Oserais-je dire que tous les hommes sont sexistes dans une société sexiste ? J'ose, et je livre un scoop : je suis sexiste. J'ai beau avoir participé à deux groupes féministes non-mixtes et ponctuellement à quelques groupes de parole, j'ai beau avoir organisé deux rencontres européennes de jeunes sur le genre en 2002 et 2005 (ben oui, le genre ne date pas d'hier, c'est une notion qui a des dizaines d'années) et publié il y a longtemps une brochure de sensibilisation (« A poil les machos ! »), j'ai beau avoir découvert le concept de proféministe dans l'association Mix-Cité au XXe siècle, tous engagements qui valent bien 764 indignations devant une chronique d’Éric Zemmour (qui est faite pour ça) par la qualité de la réflexion qui est menée à ces occasions, je suis travaillée par le sexisme. Et je ne suis pas la seule, mes amies féministes et moi avons du mal à nous libérer des injonctions sexistes, des jugements de valeur négatifs sur les autres femmes ou sur nous-mêmes, tout ce corpus d'idées rancies qui fondent la domination masculine. Nous luttons contre lui mais il revient régulièrement, comme une vieille couche qui ne part pas, ou alors uniquement aux endroits où on a gratté très très fort. Car on ne reçoit pas sans conséquences des dizaines de messages et d'assignations sexistes par jour.