Sauver l’euro, à ce stade et telles que les choses sont présentées, c’est sauver les banques, les classes sociales et politiques alliées. On agite l’épouvantail du changement et du chaos. Or c’est faux, on peut a la fois sauver l’euro et insérer le sauvetage dans des perspectives différentes , tout dépend des intérêts que l’on choisit de servir. Aucun sauvetage n’est neutre. Même le pseudo sauvetage par la monétisation qui se présente comme un cadeau tombé du ciel.
Derriere un »il faut » qui se présente, qui se fait toujours passer pour impersonnel, il y a toujours un »je veux » , quelqu’un qui a des intérêts à défendre, un ordre a maintenir.
Tout ceci pour vous dire que la manière de poser les problèmes , de les enfermer dans de fausses alternatives , tout cela constitue un biaisage dont le but est de forcer la main des citoyens.
Si les dettes souveraines sont appuyées sur une banque nationale, il est toujours possible de fournir au nominal l'argent des intérêts et le remboursement du principal. Ce qu'on appelle la monétisation de la dette a des inconvénients majeurs : on crée de l'inflation ; on ruine le créancier en le remboursant en monnaie dévaluée, mais doucement ; le change de la monnaie s'effondre ; les voisins peuvent prendre des contre mesures pour éviter une concurrence déloyale. Le crédit devient difficile. L'avantage est évidemment que tout est très facile pour les gouvernements : c'est la banque centrale qui fait tourner la planche à billets. Les ministres n'ont rien à faire d'autres que le train train habituel. Et il est inutile de tout bloquer, d'imposer des impôts nouveaux, de revenir sur des avantages acquis etc.
L'externalisation de la banque centrale rend impossible ces expédients. C'est comme si les emprunts étaient faits en monnaie étrangère. Il faut rembourser les dettes dans une monnaie dont on ne tient pas le robinet. On est tenu par les créanciers. Il faut soit faire défaut soit rembourser en se serrant la ceinture, si tant est que le dit serrage de ceinture ne casse pas définitivement la croissance.